Le mythe du "bon moment" pour trouver l’amour
- Coline GUINARD
- 8 août
- 5 min de lecture
Nous nous le sommes tous dit un jour : "Ce n’est pas le bon moment".
Le bon moment pour rencontrer quelqu’un, pour trouver l’amour. Mais est-ce un mythe ou une réalité ? Au final, la véritable question ne serait-elle pas plutôt celle-ci : Y a-t-il réellement un « bon moment » pour trouver l’amour, et surtout, le vivre ?
Derrière cette petite phrase apparemment anodine se cache un mythe tenace : celui du moment idéal pour trouver un partenaire. Un instant parfait, où nous serions disponibles, épanouis dans nos vies, guéris de nos blessures et expériences amoureuses passées, stables dans nos carrières et sereins dans nos têtes.
Or, attendre ce moment idéal peut s’avérer être un piège. En tant que sexothérapeute, je reçois régulièrement des personnes célibataires qui, malgré leur désir sincère de relation, se sentent bloquées ou en décalage. Elles culpabilisent de ne pas "être prêtes", redoutent de vivre de nouveau des expériences négatives, se remettent en question du fait de ne pas avoir encore rencontré LA personne. Elles doutent de leur capacité à construire une relation tant que tout n’est pas "aligné" dans leur vie et se demandent souvent quand leur tour viendra.
A travers ce mythe tenace, ressort souvent le manque de confiance. Le manque de confiance en soi, en l’autre, en l’avenir ou encore en l’espoir de "trouver sa moitié". Cela associé à nos traumatismes passés, aux dictats oppressants de la société, à la pression familiale pour certains et pour tous, la conscience du temps qui passe et n’épargne personne. Ces éléments sont autant de facteurs qui jouent sur notre appréhension du "bon moment".
Aujourd’hui, j’aimerais mettre à mal cette croyance limitante, à laquelle nous sommes tous confrontés à un moment ou à un autre de notre vie et qui est tout sauf la vérité.

Une injonction moderne dont on se passerait bien
L’idée du "bon moment" s’inscrit dans une logique de performance affective. Cela signifierait qu’il faudrait être "la meilleure version de soi-même" pour mériter d’aimer ou d’être aimé(e). Idée saugrenue ! Arrêtez-vous deux minutes pour réfléchir aux personnes qui vous entourent et qui sont en couple. Pouvez-vous dire que chacune d’entre elles est totalement et entièrement dénuée de soucis en tous genres, de blocages personnels ou de doutes ? Pour certaines, vous allez même vous dire qu’elles auraient bien besoin d’une thérapie !
Et en effet ! Personne n’est totalement "prêt" à vivre l’amour. Si tous les individus de ce monde devaient être complètement soignés de leurs passé et traumatismes pour être en couple, il y a très peu de chance que la majorité d’entre eux le soient un jour...
Derrière cette exigence du "bon moment" se cache souvent une peur : celle d’être vulnérable, de ne pas suffire, d’être rejeté(e), ou d’échouer à nouveau. Mais les relations humaines ne se construisent pas dans des laboratoires parfaitement contrôlés et sur des schémas idylliques. Elles naissent, grandissent, vacillent parfois, au cœur de l’imperfection. C’est ce qui fait le charme et la force des relations amoureuses, et plus largement de l’être humain. L’imperfection, est ce qui fait que nous sommes qui nous sommes, dans notre individualité et notre unicité. C’est la surprise d’une rencontre dans l’imperfection de deux êtres qui fait que leur relation sera, à leur image, unique.
Ce qui compte vraiment, ce n’est pas d’être "prêt"
Ce n’est pas d’être "prêt" au sens parfait du terme qui fait la différence. Ce qui compte, c’est d’être en mouvement. D’avoir envie de se rencontrer soi-même autant que de rencontrer l’autre. D’oser l’imperfection, de faire de la place à l’incertain, et d’accueillir les émotions (agréables comme inconfortables) que le lien à l’autre fait émerger. De travailler sur soi, sur des expériences antérieures et pouvoir prendre du recul pour "analyser" ce qui a fait que la relation n’a pas fonctionné et de pouvoir avancer. Ce temps d’analyse permet souvent de mettre en lumière des schémas répétitifs et d’en prendre conscience.
Le bon moment, c’est finalement se sentir prêt à accueillir ce que la vie nous envoie.
Une relation n’a pas besoin d’un moment parfait pour commencer. Elle a besoin de deux personnes qui, à leur manière, acceptent de faire un bout de chemin ensemble, même si tout n’est pas réglé. Même s’il y a encore des doutes. Même si la vie professionnelle est intense. Même si le passé laisse parfois des traces qui nous marquent beaucoup plus que nous le voudrions. C’est accepter de ne pas être parfait(e) et d’être à l’aise avec cette idée.
C’est être mué(e) par l’envie de ne pas stagner, d’être en mouvement, d’avancer, alors même que le brouillard sur notre chemin n’est pas tout à fait levé.
L’amour n’est pas une finalité, c’est un chemin
Attendre d’avoir tout "résolu" avant d’ouvrir la porte à l’amour, c’est un peu comme vouloir apprendre à nager sans jamais entrer dans l’eau. C’est dans la relation que nous nous découvrons, que nous grandissons, que nous apprenons à ajuster, à écouter, à poser nos limites, à recevoir.
Bien sûr, certaines périodes de vie nécessitent de l’introspection ou du recul. Il est tout à fait légitime de ne pas avoir l’espace intérieur pour une rencontre. Mais il est important de différencier un vrai besoin de recentrage, d’une peur déguisée en prudence ; ici, cette "prudence" deviendra limitante et freinera le mouvement qu’il faut savoir garder pour avancer.
Il ne faut pas laisser à la peur la capacité de nous immobiliser. Notre cerveau a naturellement peur de ce qu’il ne connaît pas ou risque de nous faire souffrir. La peur agit comme protection. Mais à trop laisser parler la peur, nous risquons bien pire : ne pas agir. Et in fine, de passer à côté d’une belle histoire, d’expériences de vie qui nous rendrons plus forts et nous pousseront plus loin. Ne dit-on pas d’ailleurs qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets ? C’est personnellement ce que je pense. Comme je pense que, en matière de relation, de sentiments (ou même de projets de vie) , c’est quand nous avons peur, qu’il faut foncer.
Savoir lâcher prise est la clé pour repousser nos peurs limitantes et nous faire sortir d’un état de stagnation dans lequel nous pouvons nous trouver.
Et si le bon moment, c’était maintenant ?
Provoquons ce "bon moment". Pas parce que tout est parfait, non. Mais justement parce que la vie est en mouvement perpétuel, et que c’est dans l’imprévu qu’émergent les plus belles rencontres. Peut-être que l’amour ne vient pas quand on est "prêt(e)" au sens où on l’entend… mais quand on est ouvert(e) aux possibilités de la vie, prêt(e)s à se laisser surprendre et à accueillir les bonnes surprises.
Le "bon moment" pour rencontrer quelqu’un n’est pas une date sur un calendrier. C’est une disposition intérieure, une disponibilité émotionnelle, un choix d’ouverture à l’autre, même si on ne coche pas toutes les cases.
Et parfois, commencer à questionner ce mythe, c’est déjà un premier pas vers la relation que l’on désire.
C.G.
Vous vous sentez concerné(e) par le mythe du "bon moment" ? vous ressentez des blocages, vous posez des questions par rapport à votre situation ou souhaitez simplement vous confier ?
Et si nous en parlions ? Je suis Coline, sexothérapeute, passionnée par l'humain et experte en communication. Ma vocation ? Vous aider et vous accompagner à dépasser vos problématiques et questionnements intimes et relationnels. Vous n'êtes pas seul(e), je suis là pour vous.

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